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01- HISTOIRE DE GATILOUP et du chat diabolique Gatino

samedi 9 septembre 2023, par grand-Pierre

Mon petit-fils a cinq ans et Gatino, son chat noir (en peluche) ne sait faire que des bêtises.
Cette fois-ci il a bien failli se faire dévorer par un loup (Gatiloup) dans une forêt magique ou les animaux parlent et où habite un géant amateur de fraises des bois.

Les éléments de langage :

« Gatino - Gatiloup - Gatigreu - Gatiprout » et aussi « Arrrh Grouh, Ronron, Pouêt, Honf, Gronk, Bêêh, Meuh, Ouha ouha, Cotcot »

Ce conte a été écrit par Papy Pierre.
Tous droits réservés.

Les vilains pièges de Gatiloup

Il était une fois une forêt très grande et très profonde ou les arbres étaient tellement hauts et les feuilles tellement nombreuses que dessous il n’y avait presque plus de lumière et que les animaux devaient se déplacer avec une lampe électrique pour ne pas se cogner contre le tronc des arbres.

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Gatiloup, aux oreilles pointues et aux grandes dents blanches, avait construit son terrier sous un énorme chêne, entre les racines ou il dormait la plupart du temps.
Lorsqu’il ne dormait pas il fabriquait des pièges pour toute sorte de bêtes car il avait horreur de courir après, ce qui est très fatigant même pour un loup. Ces pièges marchaient bien car ils étaient mis en ligne sur TrapAdvisor et la clientèle nombreuse des lapins, des blaireaux et des sangliers venaient sur place dans la forêt avec leur lampe pour profiter des gites de Gatiloup qu’ils avaient réservé sur Internet. Ceux-ci, creusés à même le sol de la forêt étaient souterrains et un panneau les indiquait : « TrapAdvisor ici ».

En regardant ce panneau les animaux ne voyaient pas le grand trou creusé par Gatiloup et tombaient dans la fosse.

Ensuite, lorsqu’il avait mangé ses locataires et récupéré leurs lampes, Gatiloup se couchait sous son chêne pour faire la sieste. Mais quelquefois, lorsqu’il avait mangé un trop gros sanglier par exemple, il avait beaucoup de mal à rentrer dans son terrier et restait coincé jusqu’à ce qu’il ait digéré son repas.

Entre ses repas et ses siestes, la vie s’écoulait tranquillement pour Gatiloup qui était devenu bien gras et joufflu maintenant et qui, incapable de courir, regardait la télé dans son terrier à longueur de journée.

Gatino pris au piège

Or, un soir où il avait très faim, il alla dans la forêt pour visiter ses pièges en espérant avoir attrapé un gros lapin ou un jeune sanglier mais les pièges étaient vides car c’était les vacances et les animaux étaient tous allés au bord de la mer pour se baigner et profiter du soleil.

Le ventre vide et qui commençait à gargouiller Gatiloup visita un dernier piège et, arrivé au bord, resta là à regarder sans comprendre exactement ce qui bougeait au fond de la fosse. Il fit de la lumière à l’aide de l’une de ses nombreuses lampes et découvrit deux points verts lumineux un peu inquiétants et qui lui semblèrent être vivants.

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En faisant bien attention, il essaya de saisir ces trucs verts avec une patte et poussa un cri de douleur : « Ouille » ! Quelqu’un venait de le mordre très fort. Le loup se tourna et se mit à lécher sa patte en pleurant tandis que sa queue pendait dans le trou. Soudain, il sentit qu’on lui tirait dessus très fort et le chat diabolique Gatino (car c’était lui) remonta rapidement du fond du piège en s’accrochant à la queue de Gatiloup et il monta aussitôt se percher sur une branche.

-  « Gatiloup je vais te tuer » criait-il au loup, une fois bien en sécurité sur sa branche.
-  Il continua : « C’est pas permis de marquer TrapAdvisor sur des pièges. On n’a pas le droit de faire ça, surtout pendant les vacances ; c’est même interdit par la police »…

Refusant d’écouter Gatino et en boitant, Gatiloup rejoignit son repaire pour tremper sa patte blessée dans le mercurochrome. N’ayant rien mangé il avait faim, il avait mal à sa patte cruellement mordue par Gatino et il était très triste.

Le rêve de Gatino

Gatino était très en colère d’être resté toute la journée dans ce trou humide et qui sentait mauvais. Comme son ami Mathieu, le petit-fils de Papy Pierre, il pouvait se mettre à crier très fort et devenir tout rouge quand il n’était pas content. Mais là, seul dans cette forêt, il évita de crier pour ne pas qu’on le remarque car il n’y avait peut-être pas que des loups dans ces bois et le noir de la nuit lui faisait un peu peur. Mais la forêt, finalement ce soir-là, semblait tranquille et silencieuse. Il s’installa confortablement entre deux grosses branches et ne tarda pas à s’endormir profondément après toutes ces aventures fatigantes.

Gatino rêvait maintenant sur sa branche qu’il avait des ailes comme un oiseau et pouvait voler jusqu’en haut des grands arbres ou bien s’échapper à tire d’aile de n’importe quel fosse creusée par Gatiloup. Dans son rêve il fit connaissance avec Gatigreu, une sorte de très grand chat jaune avec des rayures noires qui cherchait Gatiloup.

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-  « Sais-tu où il habite ? demanda Gatigreu à Gatino
-  « Non je viens d’arriver seulement » répondit Gatino, mais je pourrais voler si tu veux pour découvrir son terrier ? Tu trouves que c’est une bonne idée ?
-  « Ouais sans doute mais moi je ne vole pas » répondit Gatigreu qui était déçu de ne pas pouvoir voler
-  « Alors attend moi j’y vais tout de suite » dit Gatino et il sauta de sa branche

« Boum » Gatino se réveilla avec une énorme bosse sur la tête. Il était tombé par terre car il ne volait que dans son rêve et pas dans la vraie vie. Le tigre Gatigreu avait disparu lui aussi avec le rêve de Gatino et celui-ci se retrouva bien seul tout à coup et il avait très mal à la tête.

Il se mit en chemin dans la grande forêt en pensant que les rêves vous faisaient quelquefois faire des choses dangereuses, comme par exemple sauter d’une branche parce qu’on croit qu’on peut voler alors qu’on ne peut pas. Soudain il entendit un terrible rugissement au loin.

-  « Arrrh Grouh, Ronron »

Il lui sembla bien reconnaître la voix de Tigreu au loin mais ce n’était pas possible car il n’avait rencontré Tigreu que dans dans son rêve sur la branche et donc celui-ci n’existait pas vraiment… Mais alors qui cela pouvait-il donc bien être ?

-  « Arrrh Grouh, Ronron »

Le rugissement recommença. Cette fois ci un peu plus près de Gatino.

Ce dernier, malgré qu’il soit très courageux, monta sur une branche par précaution car on ne sait jamais ce qui peut arriver et attendit. Puis il entendit plein de bruits bizarres, ceux d’une foule nombreuse qui s’approchait de plus en plus près de sa branche.

-  « Arrrh Grouh, Ronron, Pouêt, Honf, Gronk, Bêêh, Meuh, Ouha ouha, Cotcot »

Sous sa branche un véritable cortège d’animaux passait maintenant, armés de gourdins et avec l’air d’être très en colère car ils en avaient assez des TrapAdvisor de Gatiloup où ils tombaient tout le temps. Devant eux, en tête, marchait un cousin de Gatigreu qui lui ressemblait trait pour trait (et qui avait la même voix que lui) avec une énorme boîte remplie de gatiprout [1] dans son sac.

-  « On va lui faire voir à ce Gatiloup ! On va lui faire avaler tout le gatiprout de cette boîte et il sera terriblement malade ! »
-  « Bien fait ! Bien fait pour lui ! Qu’il avale tout le gatiprout ! Dirent les autres animaux tous ensemble, bien décidés à embêter Gatiloup un maximum.
-  « Ça suffat comme ci avec cé pillaiges de TrapAvistor ! Dirent certains qui ne s’exprimaient pas très bien en français d’humain

Quand tous les animaux furent enfin passés sous sa branche et partis plus loin, Gatino descendit prudemment au sol…

Le géant

Il tomba nez à nez avec une énorme chaussure de cuir qui lui boucha la vue. Il leva la tête et découvrit une jambe colossale et un genou gros comme une montagne. Le reste se perdait dans les branches des arbres et il ne voyait pas de ventre ni de bras ni de tête car c’était trop loin là-haut.

La chaussure se leva lourdement et Gatino couru se mettre à l’abri pour ne pas se faire écraser quand elle redescendrait. Même les fourmis couraient dans tous les sens pour ne pas se faire marcher dessus. Lorsque la chaussure touchait un arbre, celui-ci tombait par terre avec un grand craquement et un nuage de poussière obscurcissait le ciel. Gatino était complètement terrifié. Il n’aurait jamais cru que quelqu’un puisse avoir d’aussi grandes chaussures et faire tomber les grands arbres rien qu’en les touchant du pied.

La fraise des bois

Gatiloup dans son terrier venait de se réveiller de sa sieste. Sa patte était douloureuse et toute rouge de mercurochrome. Il n’était pas bien réveillé. Même, à vrai dire, à moitié réveillé seulement. Les bruits de l’extérieur lui parvenaient en sourdine et il n’y fit pas vraiment attention car son ventre gargouillait très fort à présent.

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Comme il avait aussi envie de faire pipi, il sortit dehors et trouva une grosse boîte rouge qui était posée devant son entrée.

-  « Tiens tiens, qu’est-ce que ça peut bien être ? » Dit-il très intéressé
Il renifla longtemps le couvercle et trouva que cela sentait bon. Sur le couvercle il y avait écrit : « Parfum à la fraise ». En soulevant le couvercle délicatement il trouva une petite cuillère avec ce mot : « Servez vous ». Et un autre mot : « C’est gratuit, offert par TrapAdvisor ».

Rassuré, Gatiloup allait prendre la petite cuillère lorsqu’une énorme main surgie de nulle part, grosse comme un camion, pris la boîte et disparut dans le feuillage. Une voix venant d’en haut, incroyablement forte, gronda comme le tonnerre :

-  « Ah, les fraises des bois c’est bien rare en cette saison ! ».

Quelques arbres tombèrent et d’énormes chaussures écrasèrent le terrier de Gatiloup en passant. Puis ce fut à nouveau le silence.

Cataclysme

Gatigreu (le cousin) avait apporté plein de pelles et de lampes dans la forêt et tous les animaux travaillaient dur à reboucher les trappes de Gatiloup. Ils étaient sûrs qu’il devait être à présent très malade avec le gatiprout et qu’il ne viendrait pas les embêter.

Presque toutes les trappes étaient maintenant rebouchées lorsqu’un terrible cataclysme se produisit, affolant tous les animaux qui couraient dans tous les sens. Une montagne de couleur marron était soudain tombée du ciel et se dressait maintenant bien au-dessus de la cime des arbres. Une fumée s’en échappait qui sentait horriblement mauvais. Le paysage n’était plus le même et les animaux découvrirent bientôt d’autres montagnes aussi hautes et même plus que la première.

Au sommet de l’une d’elles une grosse boîte rouge se voyait de très loin et Gatigreu la montra aux autres avec sa patte.

-  « C’est le gatiprout ! »
-  « Qu’est qu’il peut bien faire là-haut ? » Dirent les animaux
Alors un vacarme épouvantable ébranla toute la forêt et de nouvelles montagnes, jaunes celles-ci tombèrent du ciel un peu partout, hautes comme des gratte-ciel et les animaux eurent très peur encore une fois.

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Le coq s’écria :
-  « C’est un tremblement de terre ! »
La vache meugla :
-  « C’est du beurre ! Plein de beurre ! »
Le mouton bêla :
-  « C’est encore un coup du loup ! »
Le sanglier grogna :
-  « Les chasseurs ont tiré dans le ciel et ils ont fini par le faire tomber par terre ! »
Le tigre feula :
-  « C’est au minimum une bombe atomique ! »

Bref tous racontaient n’importe quoi, oui, N’IMPORTE QUOI !!!

Epilogue

C’est à ce moment-là qu’arriva sur place un pauvre Gatiloup boiteux et tout crotté, la patte bandée, accompagné de Gatino, le chat du diable. Ils avaient eu le temps de discuter un peu après la terrible chute des montagnes et de faire la paix, car les loups et les chats noirs ne sont pas naturellement des ennemis. Gatino, le plus intelligent des deux, et qui connaissait de réputation l’efficacité terrible du gatiprout avait révélé à Gatiloup que le géant avait sans doute mangé la boite rouge en la prenant pour une fraise des bois et avait été ensuite très malade. Ce qui donnait enfin une explication à la chute des montagnes brunes et jaunes.

Tous les animaux dirent à ce pauvre Gatiloup que tout cela était arrivé à cause de lui et de ses pièges TrapAdvisor à la noix et Gatiloup, plein de remord, leur promis-jura qu’il ne ferait plus jamais de trous dans la forêt.

Les arbres repoussèrent très vite et maintenant les montagnes jaunes et marrons sont recouvertes de belles forêts et beaucoup de gens viennent s’y promener pendant les vacances. Certains préfèrent les jaunes et d’autres les marrons. L’air y est vif et très bon pour les poumons malgré parfois certaines fragrances dont l’origine n’a pas encore trouvé d’explication par les scientifiques.

Gatiloup et Gatino devenus de grands amis à présent ramassent des fraises des bois cultivées sans produits chimiques qui poussent très bien ici et les vendent aux visiteurs de la forêt et sur E-baies. Les animaux eux sont devenus acteurs et tournent des animations pour les enfants, ce qui est bien payé et rigolo.

Le géant lui s’est juré de ne plus jamais consommer de fraises des bois.

FIN


NB – Ce conte, quelque peu scatologique il est vrai, (mais la faute en revient au gatiprout) a été rapporté de la forêt par un certain Papy-Pierre qui a passé de nombreuses années avec les animaux que l’on dit sauvages mais qui le sont sans doute bien moins que les humains.

Portfolio


[1Bactérie responsable de la « gatourista ».