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02- Les aventures de GATINO et de GATIGREU en Arctique

Par Papy Pi - Tous droits réservés

dimanche 17 septembre 2023, par grand-Pierre

Cette fois ce n’est pas Gatiloup qui fait des siennes mais le très sérieux Gatigreu qui maîtrise assez mal, il faut le dire, la technique de fabrication du gatiprout.

Un regrettable accident

Recouvertes d’une immense forêt aux arbres si hauts et aux feuilles si nombreuses qu’on ne pouvait s’y déplacer qu’à l’aide d’une lampe électrique, les montagnes marrons et jaunes au beau pays de l’imagination, hébergeaient toute une faune d’animaux assez spéciaux à vrai dire comme d’ailleurs ceux dont nous ferons la connaissance un peu plus loin sur la banquise Arctique.

Certains comme Gatino et Gatiloup étaient des cultivateurs de fraises des bois. D’autre étaient acteurs pour des films d’animation qui passaient à la télévision. Quant à lui, Gatigreu, jaune aux rayures noires, et dont le feulement rauque faisait dresser les poils du dos des visiteurs, était quelque peu, à défaut de lion dans le coin, le seigneur de cette étrange forêt.

Gatigreu s’était découvert sur le tard une vocation en constatant l’efficacité du « gatiprout » comme arme de défense ; cette terrible bactérie responsable de la « gatourista ». Il s’était résolu en confectionnant ce poison à défendre ses amis contre

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Gatigreu présentant son gatiprout N°5 à la fraise

tous les ennemis de la forêt qui viendraient pour les embêter. Comme tous les ministres de la défense du monde et comme tous les militaires du monde il faisait donc des stocks énormes de gatiprout.

Gatiloup en avait fait la douloureuse expérience autrefois en embêtant les habitants de la forêt. Vous pouvez consulter à ce sujet : « Histoire de Gatiloup et du chat diabolique Gatino ».

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Le diabolique Gatino a chaussé ses œufs de randonnée
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Alambic à gatiprout Gatitec.BXZ-25 à poudre - Breveté SGDG

On ne peut pas dire que son usine à gatiprout, installée tout au fond de la forêt, était écologique et conforme aux normes européennes et les fumées nauséabondes qui s’en échappaient infestaient à présent tout le secteur jusqu’en haut des plus grands arbres.

Lorsque la cuisson ne marchait pas bien on entendait Gatigreu ronchonner : « Arrrh Grouh, Ronron ! » ce qui faisait frétiller de peur toutes les feuilles et sortir les vers de terre qui se mettaient à courir à toute jambe.

Un jour, Gatigreu se mit terriblement en colère lorsque son alambic à Gatiprout (le Gatitec.BXZ-25 à poudre) explosa sous un feu trop violent. Tout le gatiprout partit comme une fusée vers le ciel tandis que l’alambic retombait se fracasser avec un énorme bruit aux pieds de Gatigreu.

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BOUM !!!

Ce jour-là le vent soufflait très fort vers le nord et la poudre de gatiprout se dispersa dans l’air et monta de plus en plus haut dans le ciel.

• « Mon gatiprout ! » se désolait Gatigreu. (Il y en avait pour une sacrée somme d’argent).
• « Mon super gatiprout est maintenant envolé à cause de cet alambic stupide ! »

Il ne savait plus quoi faire, se rendant bien compte malgré tout qu’il n’était pas pour rien dans cette catastrophe car pour se dépêcher d’aller s’amuser il avait poussé les feux à fond pour gagner du temps ce que le vieil alambic n’avait pas supporté.

Tandis que Gatigreu se désolait ainsi, tout là-haut dans le ciel d’inquiétants nuages noirs se formaient, poussés vers le nord.

Gatisberg et Cie

A une très grande distance de la forêt de Gatigreu et par-delà les mers les plus froides habitait un très gentil phoque avec d’énormes moustaches qui chatouillaient lorsqu’il vous faisait des bisous. Gatisberg le phoque avait beaucoup d’amis et s’amusait toute la journée avec eux en attrapant des poissons pour le déjeuner.

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Banquise Arctique

Plouf ! Et replouf ! Les poissons ne manquaient pas et le ventre de Gatisberg et de ses copains étaient toujours bien ronds. Après ces épuisantes parties de pêche ils s’endormaient sur un glaçon bien tiède pour digérer tranquillement au soleil de minuit.

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Gatisberg père (Portrait par Delacroix - 2022 - Musée du Louvre)

Gatisberg aurait été parfaitement heureux comme ça mais rien n’est hélas vraiment parfait en ce monde et il lui fallait sans cesse faire très attention et observer si des fois Gatignasse, l’ours blanc, n’était pas dans le coin. Sous sa fourrure blanche abondante se cachait un cœur de pierre et il dévorait les phoques à belle dent lorsqu’il parvenait à en attraper. Gatignasse mesurait au moins trois mètres de haut lorsqu’il se dressait sur ses pattes arrière et il était capable de faire voler un phoque en l’air d’un simple petit coup de patte.

De plus ce Gatignasse avait tout le temps faim et quelquefois aussi on apercevait Gatignassette sur la banquise avec ses petits qui lui réclamaient à manger. Alors tous les phoques terrorisés se jetaient à l’eau ensemble et nageaient à toute vitesse le plus loin qu’ils pouvaient pour échapper à l’appétit des ours et de leurs oursons.

Des marques suspectes - Gatigreu et Gatino enquêtent

Par une journée sans lune, car avec le soleil de minuit on ne pouvait pas la voir, Les ours et les phoques aperçurent une fumée légère sur la mer au-delà de la banquise. Il faisait très froid. Pour se réchauffer les phoques plongeaient dans l’eau tiède (-2°) de l’Arctique tandis que les ours battaient la glace avec leurs pattes de derrière sans s’arrêter. Il est vrai qu’en dessous de moins trente-cinq ou moins quarante degrés, même les ours et les phoques peuvent attraper un rhume.

Bientôt un bateau apparut plus nettement qui avançait lentement vers la rive. Sur le pont de ce bateau, caché derrière une énorme paire de jumelles, Gatigreu observait la côte de glace avec une grande attention accompagné d’un chat noir aux yeux verts qui portait une casquette blanche de marin.

La glace était blanche et les animaux de la banquise courraient un peu partout tandis que les phoques plongeaient. Plouf ! On entendait les ploufs jusque sur le pont du bateau. Gatigreu compris que son gatiprout n’était pas encore retombé ici et il fut très content et même soulagé par cette bonne nouvelle. Mais si le gatiprout n’était pas retombé ici, alors où était il passé ?

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Je peux vous faire un bisou ?

Un phoque un peu rondouillard émergea avec un gros « flop » près du bateau :

• « Bonjour. Moi c’est Gatisberg. Je peux vous faire un bisou ? »
• « Heu… Pas pour le moment répondit Gatigreu, je dois piloter le bateau et c’est très difficile avec tous ces glaçons qui flottent. »

Gatisberg quoi qu’un peu vexé finit par dire :

• « Si vous me suivez je vous piloterai au milieu des glaçons. C’est quoi vos noms ? »
• « Heu… Gatigreu et lui c’est Gatino. D’accord, je veux bien te suivre ! » répondit le tigre trop content de se débarrasser si facilement de ce pot de colle aquatique.
• « Dit moi Gatisperk, as-tu remarqué par ici des traces noires sur les glaçons ? »
• « G-A-T-I-S-B-E-R-G ! et pas Gatisperk !!! » Le phoque n’était pas content du tout.
• « Excuse-moi Gati…chose, je voudrais juste savoir si tu as vu quelque chose de noir par ici ces derniers jours ou pas ? »
• «  ? »

Gatisberg n’avait jamais rien vu de noir. Tout ici était blanc comme la neige ou comme l’ours Gatignasse, ou bien bleu comme la glace ou bleu comme le ciel, vert comme la mer ou bien rouge comme le soleil de minuit mais certainement pas noir. En tout cas c’était une couleur qu’il ne connaissait pas car il n’en avait jamais vu.

• « J’ai rien vu de… Comme vous dites. » Finit par répondre Gatisberg un peu ennuyé de ne pas savoir le noir. [1]
• « Même pas un petit peu ? » Demanda Gatigreu avec toute la gentillesse dont il était capable.
• « Sauf que j’ai vu des trous mais c’est tout »

Banquise en bateau/ski

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Des empreintes d’ours qui traversent presque complètement la glace (on voit la mer dessous), on avait jamais vu ça sur la banquise !

Peu après, sur le blanc de la banquise tous les animaux étaient assemblés pour examiner cette chose extraordinaire : Des trous profonds en forme de pattes d’ours dans la glace ! Il y en avait plein qui se suivaient.

Il y avait là Gatigreu bien sûr avec Gatino qui avait relevé sa casquette pour mieux se gratter la tête, mais aussi Gatignasse et Gatignassette avec leurs oursons, puis Gatisberg et tous ses copains, un drôle de renard blanc accompagné d’un lièvre blanc lui aussi ainsi qu’une chouette toute blanche, sans oublier une perdrix blanche, bref : Rien que du blanc ! Tous étant méfiants et très perplexes, ils avaient remis leurs disputes personnelles à plus tard.

Aucun de ces animaux n’avait vu auparavant de tels trous dans la glace, surtout que celle-ci par endroit leur semblait moins épaisse que d’ordinaire alors que l’on était encore en hiver dans l’hémisphère nord, situé d’après Gatino, tout à fait à l’opposé de l’hémisphère sud.

Gatigreu retourna vers la mer pour mettre des skis à son bateau qu’il retrouva plein de phoques, montés dessus pour profiter du soleil.

• « Allez ouste ! Aidez-moi plutôt pour installer les skis sous le bateau »

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Le HMS GATIPROUT II de Gatigreu et Gatino dans la mer polaire Arctique

En moins de cinq minutes les phoques eurent terminé d’installer solidement les skis et de tourner l’hélice à moitié vers l’avant pour faire avancer le nouveau véhicule polaire de Gatigreu.

Tout le monde voulait monter à bord pour suivre les trous d’ours mais ils pesaient trop lourd, surtout Gatignasse. Les phoques, eux, étaient trop nombreux. Gatigreu ne garda que la chouette Gatisba pour servir de drone.

Gatino resta avec les autres animaux en essayant désespérément de se réchauffer car le pelage des chats ne vaut pas celui des tigres ou des ours ! Et en plus il n’y avait sur la banquise aucun arbre où se percher au cas, sans doute peu probable mais quand même pas tout à fait impossible où un ours, un phoque ou je ne sais quoi d’autre un peu curieux, aurait voulu goûter de la viande de chat pour la première fois… Sa forêt avec ses branches accueillantes lui paraissait bien loin à présent qu’il était au milieu des glaces.

Gatisba et le cerf-volant de Space X

Au bout de quelques heures de bateau-ski passées à suivre les trous dans la banquise le ciel se couvrit d’une fumée de plus en plus foncée et la chouette Gatisba, à cette occasion, pu découvrir la couleur noire qu’elle n’avait encore jamais vu. Le nuage s’épaissit bientôt de plus en plus jusqu’à assombrir le blanc-bleu de la glace et éteindre complètement le soleil de minuit ; ce qui glaça le cœur de ce pauvre rapace si toutefois il était encore possible de glacer quelque chose sur cette banquise devenue sombre autant que désolée.

• « C’est du gatiprout ! C’est du gatiprout ! » criait Gatigreu totalement affolé en sautant partout sur le bateau comme un cabri.

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Cerf-volant en papier collant d’une surface de trente-mille-douze km²

Farfouillant dans la cale du bateau, Gatigreu ressortit avec un immense cerf-volant en papier collant spécial fourni par Space X qui, une fois complètement déployé en l’air, devait mesurer trente-mille-douze kilomètres carrés et attraper tout le nuage de gatiprout d’un seul coup.

Gatisba, pleine de bonne volonté voulu aider à déployer l’immense cerf-volant mais le papier collant se prit autour de ses pattes et, propulsée vers le haut par cet engin diabolique, elle se retrouva prisonnière de terribles courants d’air au milieu d’un nuage noir qui sentait extrêmement mauvais.

• « Hou Hou, ça pue par ici ! Je ne vois plus rien ! Hou Hou ! A l’aide Gatigreu ! »

Heureusement et par un effet de ses serres inattendu [2] le papier collant se déchira et Gatisba reprit son vol tandis que le cerf-volant tel une abeille trop lourdement chargée de pollen retomba sur ce pauvre Gatigreu et son bateau-ski.

• « Plaf ! »

Alors on assista à une chose incroyable : D’immenses voiles brillantes vertes et mauves se mirent à onduler dans tout le ciel, éclairant la banquise et se reflétant sur la mer lisse comme un miroir. Les montagnes au loin paraissaient plus blanches encore qu’auparavant. Un grand silence régnait maintenant et on aurait dit que les fantômes géants qui projetaient cette étrange lumière boréale dans l’espace Arctique reprenaient vie joyeusement au-dessus du bateau de Gatigreu maintenant que tout le gatiprout avait été capturé.

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Fantômes de lumière : Les aurores boréales

Gatino le grand timonier

Dans leur chute, des tonnes et des tonnes de gatiprout, collées au cerf-volant avaient enseveli le bateau et Gatigreu eu un mal fou à se sortir de là aidé par les serres très pratiques de Gatisba. Au loin ils aperçurent Gatino et tous les animaux qui les avaient suivis à pied et qui arrivaient en courant aussi vite qu’ils le pouvaient.

• « Ne vous approchez pas du gatiprout hurla Gatigreu, sinon vous serez terriblement malades ! » Il était lui-même dans un état lamentable, noir de gatiprout et jaune de gatourista.
• « Ne vous approchez pas ! » Cria en chœur Gatisba qui dans le nuage avait pris une couleur gris foncé.

Gatino décida que tout le monde devait maintenant s’atteler à tirer le cerf-volant avec tout son gatiprout pour le jeter dans un trou très profond mais Gatisberg s’écria :

• « Je veux pas tirer le cerf-volant avec Gatignasse ! »
Gatignasse reprit :
• « Je veux pas tirer avec cette chouette toute sale ! »
Gatisba lança :
• « Si le lièvre tire avec nous je le mangerai en commençant par les oreilles ! »
Le lièvre s’écria :
• « C’est pas moi qui a apporté tout ce gatiprout ici ! Je veux rien tirer du tout ! »

Alors Gatino, pris d’une terrible colère, devint aussi rouge que ses fraises des bois ce qui fit presque fondre la glace sous ses pieds et il leur promit que s’ils refusaient de tirer tous ensemble le cerf-volant le gatiprout allait tout polluer et faire fondre la banquise et qu’ils n’auraient plus rien à manger. Ils ne pourraient alors s’en prendre qu’à eux même. Ces paroles firent une grosse impression.

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Gatignasse l’ours polaire parla ainsi : « ...Gatino a raison. Il faut jeter tous le gatiprout et le cerf-volant dans une grotte profonde... »

• « Gatino à raison finalement dit l’ours Gatignasse plein de sagesse, il faut s’y mettre maintenant, même si cela n’est pas très agréable pour nous »

Soins intensifs

Trois jours plus tard le cerf-volant avait rejoint une grotte profonde entre deux montagnes et les animaux avaient rempli ce trou de petits cailloux sur une épaisseur de trente-mille-douze mètres.

Les phoques avaient soigné Gatigreu à l’aide une vieille recette esquimau connue de Gatisberg en lui faisant avaler tous les jours quinze kilos d’yeux de poisson fraîchement pêchés.

Gatignasse, plein de bonne volonté, voulu lui amener un phoque pour son déjeuner mais Gatino lui dit que le tigre était encore un peu faible pour manger de la viande et d’ailleurs qu’il préférait d’habitude le buffle.

Le phoque Gatisberg lui raconta pour se venger comment les esquimaux accommodent leur steak d’ours bien saignants mais Gatignasse fit semblant de n’avoir rien entendu.

Epilogue et... Convalescence

Pour finir cette histoire, tous continuèrent par la suite à se courir après, à se manger et à se disputer mais ils se souvinrent malgré tout de ce moment où grâce à l’autorité de Gatino ils travaillèrent ensemble pour leur salut.

Le ciel boréal était à nouveau lumineux et les animaux de la banquise avaient déjà oublié à quoi pouvait ressembler ce fameux noir aussi noir que le plus noir des noirs.

Gatigreu rentra pour sa convalescence dans sa chère forêt et Gatino lui enseigna comment faire un gatiprout « médical » avec un alambic plus solide et des produits naturels qui soignent au lieu de rendre malade. Comme par exemple les yeux de merlan, le chou, les moustaches de phoque et la glace pilée. La formule complète du gatiprout « militaire », classée secret défense par Gatigreu, ne fut jamais révélée à qui que ce soit et finit par tomber dans l’oubli.

Et... C’est bien mieux comme ça !

FIN


[1Si vous souhaitez tout savoir de l’apparition du noir sur terre cliquez sur ce lien

[2Rien à voir ici avec l’effet de serre du au gatiprout, véritable piège à rayonnement UV.